Alors là, tout de suite 5 étoiles. c'est du lourd. J'ai adoré.
Du même auteur que :
Bangkok 8 et
Bangkok tatoo
C'est John Burdett.
Acheté à Carnets d'asie à l'alliance française à bangkok 1200 baths (n'existe pas en poche pour l'instant.
Que dire de plus un régal à lire, retrouve les personnages des deux précédents "Bangkok".
A posséder absolument dans sa bibliothèque sur l'étagère Thaïlande.
Vous trouverez ci-dessous ce qu'en dit le "net";
Ce qu'en dit gavroche :
Le ton est donné et l’enquête peut démarrer : Bangkok Psycho, nouvel hommage aux filles de l’I-san, repose, avec réussite, sur les mêmes ingrédients qui avaient pimenté les deux précédents opus thaïlandais de Burdett : on croise pèle-mêle des travestis, des fantômes affamés de sexe, des banquiers aux goûts sexuels pervers, des moines bien peu bouddhistes, le tout dans une ambiance fortement teintée de mystère, voire de mysticisme...
Et l’on retrouve aussi, histoire de ne pas perdre pied, certains personnages piliers de la série : le colonel Vikorn, chef corrompu du 8e district de Bangkok, qui se lance cette fois dans l’industrie pornographique ; Nong, la mère de Jitpleecheep, qui modernise son « bar pour hommes » ; « Miss FBI », qui tombe follement amoureuse de Lek, le katoey assistant de Sonchaï, totalement indifférent à ses avances.
Bangkok Psycho vaut aussi par l’incursion tentée par Burdett en milieu khmer afin de mieux appréhender l’identité thaïe : « Nous leur avons tout pris : femmes, garçons, esclaves, or, leur astrologie, leur conception de leurs temples, leur musique, leur danse – un bel exemple ancien de vol d’identité. La seule chose que nous ne leur avons pas prise, c’est leur cuisine qui est loin de valoir la thaïe et ne la vaut toujours pas. Si on avait su qu’ils nous en garderaient rancune aussi longtemps, on se serait montré plus cléments. »
Bangkok Psycho de John Burdett, Paris : Presses de la Cité, 2009. 343 pages.
1250 bahts, Librairie Carnet d'Asie
Le monde diplomatique :
Bangkok, 8e district. L’inspecteur Sonchaï Jitpleecheep opère bouddhistement au milieu des trafics et de la corruption... et prélève sa part, comme tout policier qui se respecte. Mais l’assassinat de son ancienne maîtresse, l’obsédante prostituée Damrong, lors du tournage d’un snuff movie, va le contraindre non pas à honorer sa mémoire (ce qui serait platement occidental), mais à satisfaire son fantôme (les Thaïlandais comprendront).
Eurasie :
Les amateurs de polars exotiques vont être aux anges : « Bangkok Psycho » (titre original : Bangkok haunts), troisième volet des aventures de l’inspecteur Jitpleecheep, vient de sortir. On retrouve ce policier métisse, mi-thaïlandais mi-américain, dans une intrigue encore plus tordue que celles des deux premiers opus : Bangkok 8 et Bangkok Tattoo. Le roman s’ouvre sur une scène éprouvante : l’inspecteur reçoit un snuff movie, dans lequel une prostituée se fait assassiner en direct. Le film aurait de quoi ébranler n’importe qui. Mais il touche encore plus Jitpleecheep qui a été l’amant de cette belle jeune femme khmère, Damrong. S’ensuit une enquête aux frontières du réel où se télescopent des travestis artistes peintres, des fantômes affamés de sexe et encore des banquiers aux goûts particulièrement malsains. Autant dire qu’on ne s’ennuie pas une seconde ! Au fil des pages, on retrouve le chef du 8e district de Bangkok, le colonel Vikorn qui érige la corruption au rang de sport de haut niveau, et dans cet opus, tente de se lancer dans l’industrie pornographique, hautement lucrative. On croise aussi la mère de Jitpleecheep, Nong qui tente différentes innovations pour attirer plus de clients dans son « bar pour hommes ». Vous êtes prêt à ouvrir la première page ? Préparez vous à un voyage qui vous mènera des taudis de Klong Toy à Bangkok jusqu’aux hôtels miteux de Phnom Penh en passant par les bordels ultrachics de la capitale thaïlandaise. Un sacré voyage, non ?
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/20900
John Burdett nous avait déjà emmenés à Hong-Kong et surtout en Thaïlande avec Bangkok 8. On avait apprécié l'humour futé de ce voyage dans les bas-fonds du district 8 de la cité des anges (Krung Thep en VO) et l'intelligence amusée avec laquelle cet auteur américain essayait de nous instruire du fossé culturel entre les occidentaux (nous, les farangs) et les asiatiques.
Il récidive avec Bangkok Psycho (entre temps il y aura eu Bangkok Tattoo, qu'on n'a pas lu).
De nouveau Burdett met en scène Sonchaï, le flic métis qui a raté sa vocation de moine bouddhiste et l'américaine Kimberley, miss FBI, élevée au biberon judéo-cartésien, ce qui lui fournit bien évidemment tous les prétextes pour opposer les deux cultures.
[...] - Bon, d'accord [...] pour toi, l'esprit occidental est le croisement digne de Frankenstein d'une religion mal ficelée et des idées d'une bande de pédophiles grecs [...] ?
- Oui, à peu près.
Ou encore (c'est toujours miss FBI qui parle) :
[...] Tu es le fils d'une pute, proxénète, tu diriges un bordel, tu fais partie d'une des polices les plus corrompues d'Asie, mais tu es innocent.
Je n'ai jamais enfreint une loi, fraudé, menti ni participé à une affaire tordue de ma vie, et pourtant je suis corrompue, je me sens sale.
Dans cet épisode, Kimberley tombe même amoureuse du bel adjoint de Sonchaï ... un transsexuel sur le point de se faire opérer ! Kimberley considère cela comme un véritable gâchis (!) et n'aura de cesse de convaincre Sonchaï d'amener son ami(e) à renoncer !
Comme Bangkok 8, la première partie de Bangkok Psycho est une promenade, certes mouvementée (c'est quand même un polar) mais une promenade quand même, amusante, passionnante, cocasse, pittoresque, instructive, dans la culture thaï et les arcanes d'incompréhension où s'égarent les farangs.
C'est savoureux, finaud, ironique, on avait déjà tout dit dans notre précédent billet sur Bangkok 8 mais on ne s'en lasse pas.
Mais tout comme dans Bangkok 8, la seconde partie du bouquin bascule dans l'horreur, fini de rigoler.
La région n'est pas de tout repos, la vie y est rarement facile et on a même droit à quelques incursions au-delà de la frontière Khmère.
Ça secoue, et je ne parle pas du 4x4 sur la piste !
On y apprend notamment les règles, heureusement méconnues, du jeu de l'éléphant et je peux vous assurer que, lors de votre prochaine visite au zoo, vous ne regarderez plus ces paisibles pachydermes du même oeil ...
Plus sérieusement, John Burdett nous décrit une Thaïlande où nos frontières cartésiennes si commodes semblent se diluer dans la moiteur tropicale.
Il n'y a plus guère de frontière entre les hommes et les femmes : il est beaucoup question dans ce livre des travestis, transsexuels et autres katoeys (un peu l'équivalent des rae-rae de Tahiti).
Il n'y a plus guère de frontière entre le bien et le mal : le grand patron de Sonchaï (Vikorn) est tout autant un parrain de la mafia locale que le colonel en chef de la police et l'on ne sait jamais trop dans quel registre il opère, passant de l'un à l'autre avec une aisance très déconcertante mais toute bouddhiste.
Et il n'y a plus guère de frontière entre les vivants et les morts : au pays de la réincarnation, quand une vie humaine n'est somme toute qu'un petit moment d'un grand tout kharmique, les fantômes viennent vous hanter la nuit, voire reviennent carrément pour solder leurs comptes (le titre en VO est Bangkok Haunts).
Dans la dernière partie du bouquin, John Burdett nous donne (et avec beaucoup d'habileté alors que l'exercice est périlleux) deux versions à comprendre en filigrane d'une même histoire à lire : la version logique où les méchants se font rattraper comme dans toute bonne intrigue policière et puis la version magique où les morts ne se contentent pas de crier vengeance mais entendent bien régler eux-mêmes leurs histoires avec les vivants.
Le plus fort (et Dieu sait qu'on a pourtant été élevé au même biberon que miss FBI) c'est que, malmenés jusqu'ici par l'histoire que nous a contée Burdett, on ne sait finalement pas trop quelle lecture on a envie de privilégier ...
Dans cette aventure, il est également beaucoup question de sexe (bien plus, me semble-t-il, que dans mes souvenirs de Bangkok 8), pas du sexe-galipettes mais du sexe-puissance qui anime les tréfonds de l'âme humaine, du sexe-tsunami.
Comme si Bangkok n'était pas seulement la capitale mondiale du commerce de la chair mais bien plutôt l'épicentre terrestre de cette vague de fond.
Si pour conclure on ajoute que tout démarre avec un snuff-movie (quand sont filmés en direct et pour de vrai, sexe et meurtre mêlés pour de sordides mais riches amateurs) on comprendra que Bangkok Psycho est décidément un roman passionnant mais dérangeant. Très dérangeant.
Trahit-on John Burdett, l’auteur de ce thriller très amoral, en lui imputant des visées didactiques ? Son monde de la nuit — celui des katoey (transsexuels) ou des spécialistes de l’essorage de farang (Occidentaux) — fait ressortir la réalité sociale qui le sous-tend : l’exploitation des hommes et des femmes des régions pauvres par des affairistes de la capitale. Le roman évite le jugement ou le mélo, mais use de l’ironie et du fantasme. D’où un va-et-vient entre évidence et étrangeté qui pique,affole et accroche — comme un piment thaï.